Tout d’abord, l’inter-convictionnalité doit être située dans un double contexte, qui donne toute sa pertinence à la notion de « convictions » :

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  • Le retour, au sein de nos sociétés, de conceptions politiques du religieux. Ce « retour du théologico-politique » s’exprime parfois de manière violente, ou de manière larvée par un combat au niveau des valeurs, notamment la question de la hiérarchie des normes entre la loi religieuse et les lois de la République
  • La recherche de sens. La modernité a construit nos systèmes politiques en excluant les questions métaphysiques hors du champ politique, mais les grandes questions humaines (la sexualité, la mort, la douleur, la dignité humaine) n’ont pas disparu.
  • Aujourd’hui, nombreuses sont les voix qui expriment un besoin de spiritualité, une recherche de sens. Qui appelle à une notion plus complète de l’individu, celle d’une « personne » sujet de son existence, nourrie par un sens situé au-delà de la seule sphère sociale.

Dans ces contextes, la notion de « conviction » prend une importance nouvelle. Par rapport à la « croyance », la « conviction » présente un caractère moins intellectualiste, plus émotionnel et inter-relationnel.

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  • Le mot « conviction » exprime les influences de « convivo / convivere », « vivre avec quelqu’un », d’où le participe « convictum », version antique de notre contemporain « vivre-ensemble ». L’influence de « convivor » y est également sensible, « donner ou prendre un repas », qui connote une dimension « conviviale ».
  • Par ailleurs, on « tient » à ses convictions, on se « bat » pour elle, mais avant tout on les partage. Cet aspect manifeste la dimension de la reconnaissance, demande sociale de plus en plus affirmée par l’individu post-moderne.

Concrètement, en termes de pratique associative, « l’inter-convictionnalité » désigne le fait d’étendre le champ du dialogue au-delà de l’inter-religieux classique. Là où la foi est clivante, séparant « ceux qui croient au ciel » et « ceux qui n’y croit pas », le conviction est une notion qui permet de réunir tout le onde autour d’une table, car tout le monde a des convictions. Les religieux bien sûr mais aussi les philosophes, les artistes, les intellectuels d’une manière générale, le monde de l’entreprise – énumération non exhaustive.

  • « les Voix de la Paix », ainsi, se veulent « inter-convictionnelles » parce que nous trouvons de la valeur ajoutée dans le fait de mobiliser tous les « citoyens » à partir de leurs convictions. Autrement dit, de rassembler religieux et non-religieux autour de valeurs communes, pour des actions communes.
  • L’inter-convictionnalité dépasse ainsi la symétrie classique du dialogue inter-religieux, qui place toujours une « religion » donnée en lien avec « les autres religions ». Par ce croisement avec des pensées qui n’ont pas d’agenda religieux, la position inter-convictionnelle démine la question de la « croyance », et requalifie les échanges en les plaçant au niveau de la citoyenneté.

Lors de nos événements, la méthode inter-convictionnelle se distingue ainsi de l’approche inter-religieuse classique par les traits suivants :

  • La présence d’autres spiritualités (francs-maçons, bouddhistes, etc…) mais aussi d’autres formes d’engagements laïcs (Solidarités laïques, Ligue de l’Enseignement, Comité Laïcité République, etc…) ;
  • La dimension pédagogique tournée vers les jeunes, et l’association de jeunes générations à nos projets ;
  • L’aspect artistique : parce que les spiritualités ne doivent pas rester dans la symétrie « entre pairs », mais s’ouvrir aux acteurs artistiques de la société pour mettre en synergie des visions qui habituellement ne se « croisent pas » ;
  • L’importance de la notion de fraternité au-delà de la simple tolérance (importance de connaître l’autre, dialoguer, partager dans l’action…)

Pour savoir plus sur la notion d’inter-convictionnalité, lire ici l’essai de Yann Boissière : « Conviction, convictions et inter-convictionnalité »

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